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Test de Doman, un jeu Amiga méconnu en France

Avant-propos

Quel plaisir pour moi de vous parler d'un jeu Amiga trop méconnu en France, puisqu'il n'y est jamais sorti officiellement. Je me souviendrai toujours quand j'ai lancé Doman pour la première fois. Après une séance de grille-pain (le jeu étant sur cinq disquettes mais il est possible de l'installer sur disque dur), apparaissent les logos des développeurs de jeu de l'époque : World Software et Virtual's Brutality entre 1992 et 1994, puis celui de l'éditeur Mirage Software en 1995, avec en fond sonore une horrible voix digitalisée. Puis un module musical (dont un des instruments rappelle le générique d'Ushuaia) accompagne un défilement vertical interminable d'un guerrier équipé d'une épée aussi imposante et rectiligne que ses abdominaux/pectoraux. Le guerrier a exactement la même combinaison gagnante que notre ami Arnold dans "Conan le Barbare" : slip moulant, bottes hautes, épée à rallonge et bandeau autour du front.

Enfin le logo du nom du jeu et l'introduction animée sous le "clair de lune" nous mettent efficacement au parfum, on aura droit à un jeu généreux en hémoglobine où les têtes coupées et autres instruments de tortures seront monnaie courante. Les textes polonais ajoutent une ambiance unique au jeu, car il faut le dire tout de suite, le jeu n'a pas été traduit en français ou en anglais. Une question nous vient alors immédiatement à l'esprit : est-ce une perle rare ou une bouse finie ?

Le Barbarian de Varsovie

Doman est un beat'em up dans la lignée des Golden Axe et autres Barbarian qui tourne à priori sur tous les Amiga Classic pour peu qu'ils aient assez de mémoire. D'ailleurs, les écrans du test matériel et des meilleurs scores sont tout à fait cohérents au niveau de la charte graphique avec ce qui nous attend.

Doman

Nous voici à l'écran des options à moitié en polonais : "brutality", "scroll",... Puis arrive le choix des deux héros (Doman et Bauruz) faciles à différencier puisque l'un a de longs cheveux noirs, l'autre est blond. Le mode multi-joueurs est possible voire obligatoire. En effet, à la vue de la quantité de travail qui nous attend, jouer à deux n'est vraiment pas un luxe et le travail d'équipe montrera alors toute son incroyable efficacité (prendre un ennemi en sandwich est en plus très jouissif).

Doman

Le début du jeu est très sombre puisque nous sommes dans une nuit d'orages très intenses, les deux premiers ennemis sont à l'agonie. L'ambiance est posée, ça commence bien. Au niveau de la technique, nous sommes immédiatement frappés par la simplicité du jeu, en effet nous sommes loin en terme de finition d'un jeu Team 17 par exemple. Les graphismes donnent souvent l'impression d'avoir été faits à l'arrache, les décors sont parfois mal découpés et les dégradés "Deluxe Paint" sont courants dans les décors. Mais il faut reconnaître qu'il y a du boulot, rien que les personnages principaux ont demandé un travail de fou : ils ont tous deux plusieurs attaques, peuvent mourir de différentes manières, ont accès à un paquet d'armes variées, ça en fait des sprites ! Personnellement, mes armes préférées sont celles qui tournent autour du personnage (un peu comme les hélices d'un hélicoptère), elles coupent les têtes assez facilement et vous protègent des deux côtés. Il est même possible d'attaquer l'adversaire alors qu'il est au sol, pas de répits ! L'animation aux premiers abords peut faire penser à un jeu programmé en AMOS Basic mais rassurez vous, ça ne gêne pas du tout pour ce genre de jeu défouloir. De plus, il n’y a aucun ralentissement.

Doman

À noter tout de même quelques effets sympathiques : les changements de palettes nuit/jour, les effets de réflexion dans les niveaux dans l'eau ainsi que des dégradés Copper dans certains paysages. La jouabilité peut paraître particulière au début. Pour faire une action, il ne suffit pas d'appuyer sur le bouton feu mais de sélectionner simultanément l'un des quatre axes de direction. Le jeu reste tout à fait jouable, même à deux. L'ambiance sonore est honnête pour ce genre de jeu, les bruitages sont d'assez bonne qualité et la musique discrète ne saoule pas.

Le jeu paraît difficile au début mais on progresse vite, il faut le temps de s'y faire. La difficulté du jeu est progressive et semble plutôt bien dosée.

Quelques intérêts

L'intérêt du jeu réside dans son incroyable durée de vie. Les ennemis et les décors sont variés, les "boss" ont des tailles de plus en plus importantes. Régulièrement un commerçant posé discrètement dans le décor vous permet de changer d'arme ou de gagner des précieux points d'énergie. En effet, les sept vies données en début de jeu ne pèsent pas bien lourds même avec le système de crédit limité. Doman est très long et surtout donne envie d'aller toujours plus loin, de voir ce qu'il se passe après, de finir le jeu quoi ! Il faut dire qu'autant des éléments du décor se répètent souvent (comme les pommiers au troncs parfaitement rectilignes derrière lesquels on peut même se cacher, bonjour les parties de rigolage à deux), autant les auteurs ont regorgé d'imagination pour nous pondre des éléments originaux, souvent bien dégueulasses comme on les aime. Pourquoi tant de haine ?

Pour moi, Doman est un incontournable, un jeu made in Amiga qui n'existe d'ailleurs sur aucune autre plate-forme. Le parfait défouloir, que du bonheur ! Pour conclure, peut-on s'autoriser à penser que ce jeu aurait pu retenir, à l’époque, quelques amigaïstes attirés par le démon Doom sur PC ? J'ose espérer que oui. Dommage qu'ils ne l'aient pas connu à cette époque. Mais mieux vaut tard que jamais !

Doman PS : j'ai joué à Doman avec Ace et Batteman à l'AmigaTouze organisée par Huno en 2008, les photos ont été prises par Miotain du 90. Merci à l'Amiga et à tous ceux qui l'utilisent sans quoi tout ça n'aurait pas été possible.

Plus d'infos Amiga : http://obligement.free.fr/
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